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Libération
Interview

«Gérer les stocks pour sauver la filière»

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publié le 28 mai 2002 à 23h37

Directeur du Cedem (Centre de droit et d'économie de la mer), Jean Boncoeur est professeur de sciences économiques à l'université de Bretagne occidentale (Brest). Au-delà des questions de développement durable, la restauration des stocks halieutiques est, selon lui, une condition nécessaire à la survie de la filière.

Le projet de réforme de la politique européenne de la pêche dévoilé aujourd'hui par la Commission est-il une bonne illustration de cette notion très en vogue qu'est le développement durable ?

Ce qui est certain, c'est qu'une réforme rapide et profonde est indispensable si l'on veut se placer dans une optique de «développement durable». En clair, il s'agit d'exploiter les ressources d'aujourd'hui tout en ménageant l'avenir. Mais le problème concerne à la fois les stocks et les capacités de production. Et là, le bilan de l'état des stocks dressé par les scientifiques est dans l'ensemble alarmant. Sans poissons, évidemment pas de pêcheurs.

Il s'agit donc moins de développement durable que de survie d'un secteur ?

Oui, car le principal problème est celui de l'existence d'une surcapacité productive importante. Les poissons n'appartiennent à personne avant d'être pêchés. Il existe, en l'absence de mécanismes sérieux de régulation de l'accès, une tendance permanente à la «course au poisson» qui génère des surcapacités. Cette tendance a été avivée par des aides publiques (européennes, nationales et locales). Se rendant compte du désastre ainsi programmé, la Commission a che