Washington
de notre correspondant
A peine formé, le couple O'Neill-Bono commence déjà à se chamailler. Le secrétaire au Trésor Paul O'Neill et le chanteur irlandais Bono, du groupe rock U2, en tournée en Afrique depuis une dizaine de jours, n'ont décidément pas la même conception du développement. La rock star se bat pour que les pays occidentaux soient les plus généreux possibles. Mais le grand argentier qu'il a emmené avec lui pour le convaincre a le cuir plus dur que prévu. L'émotion n'altère pas sa capacité à raisonner froidement. Ce qui donne des échanges qui ne dépareraient pas dans Bouvard et Pécuchet. Les deux hommes, travaillant leur propre caricature, se plaisent à les déclamer devant les caméras, au milieu de journalistes, gardes du corps et Africains curieux. Lun di, en Ouganda, troisième et avant-dernière escale du voyage, les compères visitent une école élémentaire dans la banlieue de Kampala. Les enfants sont sous les arbres. L'eau de l'école est fournie par un réservoir que remplit la pluie, quand elle le veut bien.
Réaliste. O'Neill est exaspéré face à l'absence de puits : à quoi sert donc l'aide ? Bono lui dit : «Ces gosses ont faim d'apprendre à lire, vous saviez ça ?», O'Neill s'étonne que six ou sept enfants doivent se partager un manuel. Selon lui, les pays riches pourraient facilement résoudre cette pénurie : «Si les gens comprenaient qu'ils pouvaient donner six exemplaires de Dr Seuss (l'équivalent américain de Babar, ndlr), ce serait plus efficace que d