Washington de notre correspondant
Vu des Etats-Unis, Jean-Marie Messier n'est pas du tout le diable que l'on croit. Certes, les actionnaires dont les deux tiers sont en dehors de France ont de quoi être fâchés d'avoir vu le cours de l'action tomber de 45 %, et la presse financière n'est pas tendre avec lui. Mais le débat qui a lieu en France sur le comportement de Jean-Marie Messier étonne beaucoup les analystes américains. «Ce qui se passe en France autour de Messier relève un peu du théâtre de George Feydeau», commente ainsi Chris Dixon, analyste chez UBS Warburg, à New York, qui estime que «l'histoire aurait été très différente si l'on n'avait pas été dans un contexte électoral».
Norme comptable. Pour lui comme pour beaucoup d'autres analystes, Messier reste avant tout «l'un des rares patrons à avoir réussi à créer un groupe de médias global, avec des actifs extraordinaires». Le limogeage de Pierre Lescure n'a été jugé scandaleux par aucun analyste américain : ce dernier n'avait-il pas eu des résultats financiers médiocres ? Quand aux problèmes d'endettement du groupe, ils devraient être réglés par la vente, jugée inéluctable, de Vivendi Environnement, dont tout le monde se fiche aux Etats-Unis.
Les critiques contre la comptabilité obscure du groupe, enfin, devraient s'apaiser lorsque Vivendi Universal aura définitivement adopté la norme comptable américaine. C'est une évolution naturelle pour tout groupe se hissant au niveau mondial : Au début des années 90, News Corp,