Lormont envoyé spécial
Il faudrait sans doute le torturer pour qu'il avoue. Les 12 000 barriques qui se déploient autour de Philippe Rives, dans le chai de Malesan à Bordeaux, sont un mélange de chêne français et de chêne américain, «pour obtenir un vin au goût boisé mais pas trop boisé non plus, comme l'aiment les consommateurs». Le directeur général adjoint de l'entreprise française William Pitters ne dira surtout pas dans quelle proportion : il table sur le secret de fabrication, comme «Coca ne donne pas sa recette».
Techniques rodées. Tout est dit. Point de romantisme viticole ici, à Lormont, dans une zone industrielle proche de Bordeaux. William Pitters est une société où l'on applique les techniques rodées du marketing pour sortir un «vin qui plaît au plus grand nombre», pas un «vin d'oenologue», un bordeaux de marque baptisé «Malesan». Ce même genre de «produit» tant vanté comme solution pour sortir la France viticole de la crise larvée qu'elle traverse et faire pièce à la concurrence des vins formatés du nouveau monde (lire ci-dessus). Malesan, c'est 11 millions de bouteilles à l'export, 6 en France, vendues uniquement en grandes surfaces, avec une gamme de vins de 4 à 9 euros le col. A des années-lumière d'un grand cru comme le Château Ausone avec ses 24 000 bouteilles par an.
Le chai où l'on retrouve Philippe Rives est au coeur de l'usine, 5 000 mètres carrés où sont empilées avec soin des barriques emplies de vins provenant d'une douzaine de parcelles réparties dans