Londres, de notre correspondant
John Monks, patron des syndicats britanniques depuis neuf ans, quittera son poste l'an prochain pour, espère-t-il, entamer une carrière européenne. Il est candidat déclaré à la succession de l'Italien Emilio Gabaglio, à la tête de la Confédération européenne des syndicats. Européen convaincu, il sait qu'il a de bonne chance d'être élu et confie en riant qu'il perfectionne déjà son français. Longtemps proche de Tony Blair, il a été l'homme de la modernisation du Trade Union Congress (TUC). Mais aujourd'hui, ce syndicaliste cache à peine sa déception à l'égard d'une politique plus libérale que sociale.
Pourquoi voulez-vous prendre la tête de la CES ?
Faut-il, pour créer des emplois, déréglementer le marché du travail européen comme le prétendent Mister Blair et Signor Berlusconi ? Je veux contribuer à ce débat qui agite l'ensemble de l'UE. Pour cela, il n'y a pas meilleur poste que celui de secrétaire général de la CES. Les syndicats peuvent jouer un rôle positif afin de créer des conditions favorables à l'emploi. Je n'adhère pas pour autant à la vision de Blair et de Berlusconi. L'autre grand défi, c'est l'élargissement de l'UE. Nous allons assister à davantage de transfert d'industries vers les pays de l'Europe de l'Est. Si nous ne pouvons interdire à quiconque de quitter la France ou la Grande-Bretagne, nous devons en revanche exiger que ces pays respectent la liberté syndicale et permettent à leurs salariés de bénéficier eux aussi des gains de