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Libération

L'âme des ânes

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publié le 3 juin 2002 à 23h48

Elisabeth, 50 ans, tient un gîte avec des ânes dans l'Aveyron.

«Au départ, j'ai acheté une maison pour avoir un lieu entre mes différents voyages. Puis, un jour, je me suis dit : "Plutôt que d'aller vers les gens, je vais faire venir les gens à moi." J'ai créé un gîte, chambre d'hôtes, ouvert toute l'année. Mon dernier boulot, décoratrice d'intérieur, m'obligeait à vivre en ville, alors que je voulais vivre à la campagne, ça tombait à pic. Comme il y avait beaucoup de terrain autour de la maison, j'ai pris des ânes. Mais des ânes qui ne font rien, c'est nul. J'ai mis les ânes au boulot.

«Au début, j'ai acheté deux ânes, puis trois. Au fur et à mesure, je craquais sur toutes bêtes à grandes oreilles. Le troupeau s'est agrandi avec les naissances, pour finir à 16 ânes. C'est devenu la curiosité du coin, car ici, c'est essentiellement des élevages de vaches. Les autochtones venaient me voir, timidement au début, car je n'étais pas du coin, puis ils m'attendaient au tournant. Il y avait des rumeurs dans la vallée, les gens étaient très ironiques. Quand les paysans ont vu que ça se passait bien, que les bêtes étaient bien soignées et que le lieu attirait du monde, j'ai été plus reconnue et respectée.

«Lorsque les premiers clients, sont arrivés, j'étais très angoissée de laisser partir mes ânes avec des étrangers. En fait, ça s'est toujours bien passé. Je leur explique le mode d'emploi de l'âne, la façon de le mener : s'il n'avance pas, ce n'est pas parce que c'est une bourrique, mai