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Un jeu, des enjeux

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Apparence physique, capacités relationnelles... Les jeux de séduction existent dans le monde du travail, même si le sujet reste souvent tabou.
publié le 3 juin 2002 à 23h48
(mis à jour le 3 juin 2002 à 23h48)

Quinze pour cent de salaire de plus quand on est séduisant, 15 % de moins quand on l'est moins. Aux Etats-Unis et en Angleterre, des universitaires ont démontré que, malgré le discours sur les compétences, la prime à la beauté et à la séduction n'était pas un vain mot. «L'accès à un emploi, le niveau du salaire, le déroulement d'une carrière dépendent fortement de la séduction de la personne, de sa beauté et de sa conformité à certaines normes sociales comme le vêtement, la coiffure ou le maquillage», affirme le sociologue Jean-François Amadieu, citant à l'appui ces études dans un livre qui vient de paraître, le Poids des apparences (1). La séduction est pourtant considérée comme un sujet mineur, voire trivial par des entreprises, qui prétendent fonctionner à la rationalité, comme si les sentiments n'existaient pas. «On ne parle de dimension affective en milieu professionnel que pour dénoncer le harcèlement sexuel et moral ou la promotion canapé», souligne Pascale Molinier, psychologue du travail au Conservatoire national des arts et métiers. Vision dramatique ou caricaturale, réductrice de ce qui se joue vraiment. Acte ordinaire du quotidien, la séduction se déploie tout autant dans la vie professionnelle. Tout le monde en joue, aussi bien les hommes que les femmes. Il ne s'agit pas forcément de coucherie, mais du plaisir d'être ensemble, dans une relation de désir qui «implique le corps et l'esprit», souligne l'historienne Cécile Dauphin (2). D'où le trouble, la difficulté