Menu
Libération

Privés de salaires, mais pas licenciés

Article réservé aux abonnés
Après la liquidation d'Air Afrique, les 164 salariés parisiens ne peuvent faire valoir leurs droits auprès de l'assurance chômage.
publié le 4 juin 2002 à 23h49

Avenue de l'Opéra, à Paris (Ier), sur le trottoir qui semble exclusivement réservé aux devantures de compagnies aériennes, la vitrine d'Air Afrique, au numéro 26, a été gribouillée au marqueur blanc : «Cinq mois de retard de salaire». Un journaliste frappe à la vitre. De l'autre côté, un grand type gesticule : «C'est fermé ! Vous voulez un billet ? Fermé. Air Afrique, fini.» Le journaliste hurle : «Je suis de la presse.» On le fait entrer. A l'intérieur, sur la moquette, un pétard retentit et fait glousser la poignée de salariés réunis. Ils sont là pour dénoncer leur «drame social», consécutif à la faillite de la compagnie, liquidée fin avril. Pour échafauder un «plan d'action». Ils ne disent pas quelle action. Ils n'ont pas l'air de trop savoir, d'ailleurs. Ils sont une petite vingtaine, plutôt groggy. Sauf une dame énergique, Eustacia Apani, délégué FO des salariés d'Air Afrique France, qui remue l'air de ses mains, qui tonne et menace : «On va vous apporter un patron, ficelé et bâillonné.» Rires des collègues. Elle continue, s'agite : «On va appliquer l'article 320, comme au Mali à l'époque des troubles politiques. L'article 320, c'était 300 francs pour acheter un bidon d'essence, 20 francs pour les allumettes, et on foutait le feu. On va mordre, maintenant. On ne se laissera pas crever de faim.»

Arriérés de salaire. En février, un mois après la saisie de son dernier avion, Air Afrique, compagnie panafricaine née au lendemain des indépendances en Afrique noire, a déposé so