«J'ai été admis dans la police en février 2001. Je suis originaire de Rouen, mais j'ai fait mon école de police à Nîmes. Le premier poste à Paris, c'est un passage obligé. Pour le logement, on vous donne une convocation : il faut être à 9 heures à la préfecture de police, rue Faidherbe. J'arrive, il y avait une queue de 300 personnes. Quand je parviens enfin au guichet, on me dit : «Vous n'étiez pas au courant ? Il faut faire la queue dès 3 heures du matin pour avoir quelque chose de correct !» Il ne restait plus que des places dans un foyer à Saint-Denis. Il s'agissait de loger avec les gens que j'aurais interpellés dans la journée. J'ai refusé. Je me suis dit : je vais bien trouver autre chose. Je passais mes journées sur Internet, à éplucher le PAP [Particulier à particulier], mais, avec mon salaire d'élève policier (1159 euros net par mois la première année), je ne trouvais rien.
Finalement, avec trois collègues, on a décidé de partager une chambre d'hôtel. On s'est installé au Formule 1, porte de Châtillon, dans une chambre avec un lit double et deux petits lits. On n'était pas les seuls policiers dans l'hôtel. Plusieurs font ça la première année ou partagent des apparts à six ou sept. D'autres dorment dans leur voiture.
Mes collègues ont trouvé un logement et sont partis. Du coup, c'est devenu de plus en plus cher. Le deuxième mois, j'ai payé 686 euros d'hôtel, le troisième 915 euros. Au bout de quatre mois, je suis retourné à la préfecture et j'ai poussé une gueulante.