Menu
Libération
Interview

«J'ai atterri à l'Armée du Salut.»

Article réservé aux abonnés
publié le 11 juin 2002 à 23h54

«Je suis arrivée à la Poste à Paris en septembre 2000 après avoir passé le concours pour les fonctionnaires. On m'a affectée au tri : 16 heures - 22 h 30 tous les jours. J'ai vu que je pouvais attraper le dernier train du soir pour rentrer chez moi, à Saint-Quentin, dans l'Aisne.

J'ai deux filles de 6 et 7 ans qui sont là-bas et je les élève seule. Je prenais donc le dernier train à 23 heures, j'arrivais chez moi vers 1 heure du matin, et je me levais à 7 heures pour m'occuper de mes filles. Mais au bout de sept mois, j'ai craqué. J'ai fait de l'hypotension, j'étais complètement crevée. L'assistante sociale a fait un rapport à la Poste, qui a accepté de me loger en foyer, à Bonne-Graine (Paris XIe), en chambre double, à 142 euros par mois. J'ai mis mes filles en internat à Saint-Quentin.

En mars, les services sociaux de la Poste m'ont dit que le foyer allait fermer, qu'il fallait que je quitte les lieux. Tous les jours, le gérant me répétait que je devais partir. J'ai eu peur de me retrouver à la rue, je suis allée à l'Armée du Salut. J'ai eu l'idée toute seule, l'assistante sociale ne me proposait rien et le GIC-la Poste, qui est censé nous trouver des logements sociaux, non plus.

Je partage une chambre double avec douche et sanitaire dans un hôtel social près de la mairie des Lilas. La plupart des gens qui habitent là ont de graves problèmes sociaux, certains sont malades, ou dans l'incapacité de travailler. Je paye 122 euros par mois. Avec mon salaire de 1 000 euros net, l'i