Les ministres du gouvernement Raffarin se disent tous «en CDD». Manière polie de dire : pour les dossiers, on verra après les élections législatives. En attendant, ils se contentent de surveiller les thermomètres. Au ministère des Affaires sociales, chez François Fillon, on louche sur les plans sociaux. Pendant les quatre premiers mois de l'année, le ministère a recensé 446 notifications concernant plus de 8 000 salariés, contre à peu près la moitié pour la même époque de l'an 2001. Des difficultés bien plus grandes attendraient le gouvernement après le scrutin, car souvent les entreprises évitent de licencier avant des élections.
Les services de l'Etat sont d'autant plus inquiets que les plans sociaux sont de plus en plus sauvages. Explication : les entreprises n'hésitent plus à mettre les clés sous la porte, à placer les sociétés en liquidation judiciaire, plutôt que de supporter les affres d'une longue négociation avec les syndicats sur des plans sociaux de qualité. Fermer, c'est plus rapide, et c'est moins cher, même si on doit tirer un trait sur les actifs (machines, terrains, etc.). Plusieurs cas se sont produits récemment : à Soissons (653 emplois), mais aussi à Evreux (Aspocomp, 550 salariés). Autant de Moulinex en puissance. De plus, et ce n'est pas indifférent dans le climat politique actuel qui voit l'extrême droite progresser, ce sont souvent des groupes étrangers qui pratiquent de la sorte : Moulinex, Bata, A & R Carton et Aspocomp, autant de filiales lâchées par