Luxembourg envoyé spécial

Fidèle à sa réputation de «dur», Franz Fischler a précisé hier ses intentions pour restructurer à la hache la pêche européenne (Libération du 29 mai). A l'occasion d'un conseil des quinze ministres de l'Agriculture réunis à Luxembourg, le commissaire européen à la Pêche a laissé filer les tableaux de chiffres sans ambiguïté : la réforme Fis chler, si elle est appliquée en l'état, risque de secouer fortement les marins-pêcheurs, notamment en France, en Espagne et en Italie. Au total, le projet préconise la démolition de 8 592 navires de pêche de la flotte de l'UE, entre 2003 et 2006, ce qui risque de condamner 28 000 emplois directs de marins.

Fossé. Mais des trois pays dits «amis des pêcheurs», c'est l'Espagne, premier pêcheur européen, le plus visé. Le commissaire européen propose d'y détruire 1 326 navires, pour un total de 69 505 tonnes de poissons pêchés. Sévère punition en vue pour l'Italie aussi : 2 986 bateaux seraient dans le collimateur de Fischler, pour un total de 23 715 tonnes. Les 8 184 navires que compte la flotte tricolore se retrouveraient réduits de 962 unités, soit 42 365 tonnes à détruire. Autant de chiffres qui risquent de creuser encore le fossé qui sépare les grands pays pêcheurs européens, dont la France fait partie, du camp d'en face, celui «des amis des poissons», plus sensible à des préoccupations environnementales et écologiques.

Ces derniers semblent se tirer sans trop de casse du plan Fischler. Ainsi l'Allemagne n'aurait be