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Libération
Enquête

L'actionnaire harcelant

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Petit actionnaire, il assaille Messier (VU), fait plier Owen-Jones (L'Oréal) , peste contre Pébereau (BNP-Paribas). C'est l'agitateur des assemblées générales. Rôle qu'il tient avec succès.
publié le 14 juin 2002 à 23h56

C'est une sorte de héros moderne. Louis Bulidon, 66 ans, a transformé les assemblées générales d'actionnaires des entreprises françaises en traquenard pour grands patrons. Toujours prêt à arracher un micro pour poser la question qui fait mal, fustiger une stratégie, remettre en question un taux de marge ou un résultat net. Jamais à cours de chiffres pour défier les puissants du capitalisme français. Petit actionnaire de 25 sociétés, Louis Bulidon, en retraite depuis 1994, est devenu une figure des assemblées. Un vrai professionnel de la contestation, policée mais argumentée. «Il pose d'excellentes questions. C'est quelqu'un qu'on écoute toujours», dit la responsable des relations avec les actionnaires de Lafarge. Il a sa cour, ses admirateurs et ses ennemis. Libération l'a suivi pendant quinze jours. Carnet de campagne.

Lundi 27 mai, Carrousel du Louvre, 16 heures

A la tribune, Henri Lachmann, le PDG de Schneider Electric vient de donner la parole à l'un de ses lieutenants, pour détailler par le menu le nouveau programme de productivité du groupe. Satisfaction client, groupe de progrès, culture de l'excellence... le petit Littré du management récité dans une triste monotonie. Au fond de la salle, ça roupille dur. Les lumières s'allument, les hôtesses font leur entrée : c'est le moment des questions. L'assistance, composée essentiellement de retraités, ouvre un oeil. Louis Bulidon, costume-cravate impeccable, mèche blanche sur le côté, se lève. Il est le premier à demander la p