Berlin de notre correspondante
C'est une première à haut risque qui va se jouer à partir de ce matin sur les chantiers allemands : pour la première fois depuis la dernière guerre mondiale, le syndicat allemand du bâtiment, IG Bau, appelle à une grève dure pour imposer ses revendications salariales. Ceci, alors que le secteur continue de s'enfoncer dans une dépression gravissime. Le BTP allemand a perdu près de 500 000 emplois depuis 1995, presque un tiers de ses effectifs. La saignée a fait plus qu'emporter les surcapacités créées dans l'euphorie de la réunification : au total, l'Allemagne réunifiée compte désormais moins de salariés du bâtiment que la seule Allemagne de l'Ouest avant 1990.
Escalade. Le syndicat IG Bau, qui revendique encore quelque 340 000 adhérents, sur les 900 000 salariés restant dans le secteur, assure avoir fait longtemps preuve de retenue pour tenir compte des énormes difficultés du BTP allemand. Pour 2002, IG Bau demande un relèvement de salaires de 4,5 % «seulement», quand les métallos avaient exigé 6,5 % et obtenu 4 %. Les négociations dans le bâtiment ont d'ailleurs achoppé sur un autre point précis : la revalorisation du salaire minimal des ouvriers de l'ex-RDA, qui reste nettement inférieur à celui de l'Ouest.
L'escalade du conflit est en grande partie due aux divisions internes du patronat. Les entrepreneurs de l'Ouest plaident avec le syndicat pour l'alignement des salaires de l'Est sur l'Ouest : ils soupçonnent les firmes de l'Est de profiter de