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Libération

Pénuries de salariés

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publié le 18 juin 2002 à 0h00

On n'en parlait plus beaucoup, et pourtant les «difficultés de recrutement» sont de retour. Malgré la progression quasi continue du taux de chômage depuis quelques mois, la France a continué à créer des emplois. Environ 158000, selon l'Unedic, en un an. Du coup, plus d'une entreprise sur deux (58%) se plaindrait de ne pas trouver salarié à son pied. L'Unedic et le Credoc ont donc recensé les secteurs où les difficultés sont les plus sensibles. Sans grande surprise, on trouve en haut du classement le bâtiment (il faudrait recruter 27 000 maçons qualifiés en 2002), les bouchers, charcutiers, boulangers (18 600 postes disponibles), les infirmiers et sages femmes (16 000), jusqu'aux chauffeurs routiers de transports en commun, et même les chaudronniers et tôliers industriels. Du chômage, des licenciements, et des difficultés de recrutement, qui coexistent, c'est ce qu'on pourrait appeler le «paradoxe français» (le mot exception est trop tendance).

Car paradoxe il y a. Prenons quelques métiers. Par exemple: chaudronnier. A Soissons, plusieurs centaines de chaudronniers de deux entreprises très performantes sont licenciés, et donc disponibles. Comme la même Unedic annonce par ailleurs que l'industrie (au sens large) a perdu plus de 111 000 emplois en un an, le cas de Soissons ne peut être isolé. Il est vrai que ceux de Soissons ont 45 ans de moyenne d'âge, et avec une longue expérience professionnelle, ils peuvent prétendre à des salaires correspondant à leur qualification. Pour ce