Qui pourrait en douter ? La volonté de réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté d'ici à 2015 est louable. Mais pour éviter que le remède soit pire que le mal, il faut que les solutions s'appuient sur des données fiables. Sur ce point, la dernière étude sur les pays les moins avancés (PMA) de la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) remet en cause les calculs des institutions financières internationales.
Sur la pauvreté en Afrique, les estimations de la Cnuced sont très différentes de celles dont on disposait jusqu'ici. «Elles sont fondées sur la comptabilité nationale des PMA, au lieu d'être établies d'après des enquêtes sur les revenus et la consommation des ménages, comme le faisait jusqu'ici la Banque mondiale», précise le responsable des PMA à la Cnuced.
Pour mesurer la pauvreté (moins de 2 dollars par habitant et par jour) et l'extrême pauvreté (moins de 1 dollar), la Banque mondiale se «contentait» d'un échantillon des populations locales, sur lequel elle effectuait des enquêtes. La mesure globale n'était qu'une extrapolation de ces études de terrain.
Ainsi, d'après la Banque mondiale, un Tanzanien disposait en 1991 d'un revenu de 814 dollars par an. Or, selon la Cnuced, ce revenu n'atteignait pas les 300 dollars. De même, toujours selon la Banque mondiale, 41,7 % de la population du Niger vivait avec moins de 1 dollar par jour en 1992. Pour cette même année, la Cnuced en compte plus de 75 %.
Autant dire qu