Philippe Bouriez, 68 ans, est le PDG du groupe de distribution Cora. Fort de 4,8 milliards d'euros de ventes et 59 magasins en France, ce grand patron, dont le groupe n'est pas coté en Bourse, observe habituellement un silence quasi total. Il est sorti de sa réserve pour commenter les évolutions de son métier et ses démêlés avec Casino: comme nous l'annoncions (Libération du 13 juin), Opéra, leur centrale d'achat commune, sera dissoute en septembre.
Certains de vos confrères remettent en cause le concept de la grande surface «tout sous le même toit» qui a fait le succès des grandes surfaces depuis les années 60. Ce modèle de consommation est-il périmé?
Pas sûr. Mais il a peut-être atteint son apogée. Pourtant, je ne prévois pas de modèle de remplacement à moyen terme. Ce mode de consommation de masse souffre de deux points faibles. D'abord, le concept du «libre-service», très anglo-saxon, suppose que la fauche soit réduite au minimum dans nos pays latins. Ce qui n'est pas le cas: le libre-service est donc moins opérationnel chez nous qu'aux Etats-Unis, par exemple. Car la fauche tire nos marges vers le bas.
Quant à l'idée de tout mettre sous le même toit, elle nous a été imposée peu à peu par les industriels, qui inventent toujours plus de produits nouveaux, lesquels exigent des surfaces de vente toujours plus grandes pour être proposés aux clients. Dans le département droguerie-hygiène-pharmacie, notamment, l'hypermarché est devenu incontournable! Il faut aujourd'hui 3000