Sandrine, 32 ans, coiffeuse. Passe trois heures dans les transports en commun parisiens tous les jours.
«Je suis coiffeuse depuis l'âge de 17 ans. Depuis, j'ai changé de salon au moins une quinzaine de fois. Parfois, parce que l'ambiance n'était pas bonne, parfois, parce que j'en avais marre de coiffer des mémés toute la journée.
«Il y a six mois, j'ai quitté mon salon de Mantes-la-Jolie pour travailler au centre de Paris. J'avais espéré que ça serait plus amusant. En fait, ça l'est, mais je ne profite pas de la ville. Je passe une heure et demie le matin dans le train de banlieue puis dans le métro pour rejoindre mon poste, le midi, on pique-nique vite fait parce qu'on est toujours à la bourre à cause des 35 heures. Et le soir, rebelote, le métro, et puis le train. Je ne suis jamais chez moi avant 20 h 30, voire 21 heures quand j'ai la chance de ne pas rater les corres-pondances. Au début, je tenais le coup. Dans le train, on peut continuer à faire sa nuit, on peut lire, voire parfois discuter avec des copines. Et puis, ça lasse. Ma fille fait la gueule de me voir rentrer aussi tard le soir. Je ne peux rien faire pour moi. L'appartement est dans un état déplorable, je dois tout faire le lundi, quand je suis en congé : le ménage, les courses, ranger, repasser...
«Déménager dans Paris, ça, je ne peux pas, ça coûterait trop cher, je ne gagne qu'un tout petit peu plus que le smic. Pas de quoi payer un loyer. Et ma fille refuse de perdre ses copines à cause de moi. Alors, je commen