«Le hard-discount, je connais bien. Ça fait vingt ans que je travaille chez Ed. J'y suis entrée par hasard, mais j'ai vite appris à aimer ce métier. D'abord, il y a une bonne ambiance. Le personnel est peu nombreux, donc on est très complices. Surtout, on est plus proche du client que dans les grandes surfaces. C'est un magasin de centre-ville avec une clientèle d'habitués, on prend le temps de rigoler avec les mamies. Même la mobilité géographique ne me gêne pas. J'aime bien apprendre, donc bouger d'un magasin à un autre me permet de rencontrer d'autres gens et de voir comment ils travaillent.
«La souplesse exigée a une contrepartie, puisque les chances de promotion interne sont réelles. Je suis entrée comme caissière, au Smic, puis je suis passée caissière de secteur, avec la responsabilité de plusieurs magasins, et chef adjointe. Une fois chef, mon salaire tournait autour de 1 500 euros net, alors que je n'ai pas de diplôme. Pourtant, j'ai choisi de redescendre caissière, le boulot était devenu incompatible avec ma vie de famille. Diriger un magasin demande une disponibilité totale. A l'époque, les horaires étaient impossibles, 7 heures-13 heures, 15 heures-20 heures. Avec des pointes jusqu'à 22 heures, s'il n'y avait personne pour ranger et nettoyer.
«Les conditions de travail se sont améliorées depuis quelques années. Par rapport à ce que j'ai connu, c'est l'Amérique. Mais le boulot reste dur, ce n'est pas un hasard si la plupart des jeunes qui débarquent ne restent pas.