Menu
Libération
Interview

«Un retour en arrière accentué par l'Europe»

Article réservé aux abonnés
Matthieu de Nanteuil, sociologue:
publié le 24 juin 2002 à 0h04
(mis à jour le 24 juin 2002 à 0h04)

Pour les discounters, le travail n'est qu'une marchandise qui s'achète. Le prix à payer pour le salarié n'est-il pas très élevé ?

Dans l'univers du discount, tout repose sur le salarié, livré à lui-même. Il est très isolé du fait de l'individualisation des rapports de travail qui règne dans ces entreprises. Les contraintes qui pèsent sur lui sont extrêmement fortes, horaires flexibles, pénibilité des tâches, polyvalence extrême. L'employeur ne lui propose aucune contre-partie autre que pécuniaire. Ceux qui acceptent ces méthodes régressives de travail n'ont souvent pas le choix, faute d'une qualification suffisante...

Vous parlez de régression sociale ?

Sur certains aspects, ces salariés vivent dans des zones de non-droit, où les règles sociales les plus élémentaires ne sont pas respectées. Le fait que ces pratiques s'étendent à des secteurs entiers d'activité doit nous inquiéter. C'est la démonstration que le capitalisme s'est déconnecté des enjeux de société. Les questions des conditions de travail et de la précarité doivent redevenir des questions politiques prioritaires.

Comment stopper ce retour en arrière ?

L'Europe, en permettant la libéralisation des marchés, a contribué à cette régression sociale. On pourrait parler, chez les discounters, d'«anglo-saxonisation» du rapport au travail. Pour que cette maladie ne se propage pas, il faut que la Commission européenne revoie sa copie. Notamment en accordant plus de poids aux a