Ils ne sont pas d'accord du tout. Alors que la Commission européenne révélera, le 10 juillet, une réforme structurelle de la politique agricole commune (PAC) qu'elle a concoctée et cherche à imposer aux Quinze, la France prend le contre-pied. «Il n'est pas dans notre intention de faire maintenant la réforme de la PAC», expliquait hier matin à Paris l'entourage d'Hervé Gaymard, le ministre de l'Agriculture. Difficile d'être plus clair: fort du soutien de Jacques Chirac, qui avait affirmé au dernier Salon de l'agriculture que la politique commune ne saurait être révisée avant l'échéance de 2006 (comme prévu par l'accord de Berlin en 1999), Gaymard joue le blocage. Ou feint de ne pas entendre les admonestations du rigide Franz Fischler, le commissaire européen chargé du dossier.
La Commission voudrait augmenter le budget du «développement rural», deuxième pilier de la PAC, en lui transférant une partie des énormes subventions du premier pilier, celui qui soutien la production? Paris a une autre position: «Il n'y a aucune raison de rentrer dans cette logique de transfert», faisait savoir hier le ministre français. Bruxelles souhaiterait réduire de 3% par an le montant des aides directes aux agriculteurs ? Paris, dont les paysans sont les premiers bénéficiaires de la manne commune avec 9,4 milliards d'euros (sur 43,6 milliards), refuse bec et ongles la moindre baisse des subventions. La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), majoritaire chez les paysan