Avec le mot d'ordre lancé en 1985 par Jean-Pierre Chevènement, «80 % d'une génération au bac», la «voie normale» est devenue dans la tête des parents et des adolescents celle des études longues. Une politique qui a objectivement dévalorisé le lycée professionnel, estime le sociologue Stéphane Beaud, chercheur au CNRS et à l'Ecole normale supérieure. Il vient de publier 80 % au bac et... après ?
Quels ont été les effets de la politique «80 % d'une génération au bac» sur le lycée professionnel ?
Le vivier traditionnel de recrutement de ces lycées s'est appauvri quantitativement et qualitativement. Beaucoup d'élèves «moyens» qui traditionnellement y allaient ont préféré saisir la possibilité qui leur était offerte d'entrer en seconde générale. Pour les jeunes, la «voie normale» est devenue celle du lycée général. C'est la norme sociale aujourd'hui. Dans leur esprit, il faut avoir au moins bac + 2, sinon on devient ouvrier ou précaire. Du coup, dans les lycées professionnels, la culpabilisation de ceux qui n'ont pas réussi à suivre des études longues est plus forte. Aujourd'hui, selon une enquête de la DPD, 25 % des élèves qui ont moins de 9 de moyenne en troisième demandent une seconde générale. Or, ces lycéens au cursus moyen ou faible au collège se retrouvent au lycée général et, sauf exceptions, mal partis dans la compétition scolaire ou évincés rapidement.
Pourquoi y a-t-il un tel rejet du lycée professionnel ?
La rationalité économique voudrai