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Libération
Interview

«La réforme ferait disparaître la moitié des paysans français»

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publié le 10 juillet 2002 à 0h21

Jean-Michel Lemétayer, 51 ans, depuis quatorze mois à la tête de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, largement majoritaire chez les agriculteurs), s'oppose à la réforme des aides de la Politique agricole commune que la Commission européenne doit annoncer aujourd'hui et s'inquiète de l'isolement du monde rural.

L'Autrichien Franz Fischler, commissaire européen à l'Agriculture, envisage de réduire les aides directes, dites du «premier pilier de la PAC», de 3 % pour tous les pays. En quoi est-ce si terrible ?

Soyons clair, il faut en finir avec le cliché du paysan riche : la majorité d'entre nous gagne peu d'argent ; même les supposés riches céréaliers subissent actuellement une grosse crise de revenu. Ensuite, monsieur Fischler parle bien entendu de 3 % par an, ce qui fait - 18 % de revenus en moins au bout des six ans d'une nouvelle PAC ! C'est sûrement très bien pour les contribuables allemands qui sont les premiers contributeurs du budget agricole et veulent faire des économies. Et les libéraux britanniques applaudissent pour des raisons idéologiques. Mais en France, selon nos calculs, cette réduction de revenu de 3 % ferait disparaître 200 000 paysans d'ici à dix ans ! Presque la moitié des agriculteurs français mettraient la clé sous la porte. Sans compter les emplois induits. Est-ce vraiment ce que souhaitent Bruxelles et le gouvernement français ? Pour ma part, je refuse ce scénario, même si je n'ai jamais été opposé à l'idée d'un certain