Lille de notre correspondante
Il a acheté le lit de camp et le sac de couchage. Il a attendu que sa fille ait passé ses examens de médecine, il a acheté des bouteilles d'eau, du sucre, s'est «forgé un moral à tout casser», puis il a décroché son téléphone, et prévenu son employeur. Dominique Faure, agent général d'assurances AXA à Lille, a «prémédité» sa grève de la faim depuis plus d'un an. «C'était ça, ou me mettre une balle.» Après vingt-sept jours de jeûne, cet homme de 60 ans, longtemps actif au RPR, petit-fils d'un député des Flandres, est encore debout. Il fait l'aller- retour, légèrement voûté, entre son bureau et ses armoires grises pour dénicher les archives de ses courriers, ceux de sa direction, ceux de ses clients fidèles scandalisés. Il dénonce «le mépris», «la spoliation», «l'inhumanité» dont il est l'objet. Il passe ses nuits à dormir au fond de la boutique et ses journées à recevoir quelques clients derrière son bureau suranné, blafard sous le néon, tous stores baissés. Sa soeur, discrète, bon chic bon genre, assure le secrétariat. «Par solidarité fraternelle.»
Concurrence interne. Pourquoi cette grève ? Pour obtenir d'AXA des dommages et intérêts, et des excuses. En trois ans, son chiffre d'affaires a chuté de 40 %. Responsable : «La concurrence scandaleuse mise en place par AXA France», explique-t-il. En clair, l'agent qui n'est pas salarié mais indépendant ne peut pas s'aligner sur les prix pratiqués par des concurrents internes, filiales du groupe. «AX