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Libération

Railtrack, le chemin de croix

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Six ans de privatisation se soldent par un échec total.
publié le 18 juillet 2002 à 0h26

Londres, de notre correspondant.

Après six années terribles, le rail britannique fait ses adieux au privé. Avec l'aval de la Commission européenne, les néo-travaillistes peuvent maintenant défaire l'oeuvre des conservateurs et subventionner massivement une infrastructure ferroviaire dont ils possèdent le contrôle effectif. C'est une renationalisation qui ne dit pas son nom, de facto et non de jure. Car, au royaume de Tony Blair et de sa «troisième voie», un mot aussi étroitement associé au vieux Labour demeure tabou.

Faillite. Depuis le 27 juin, Railtrack, une entreprise en faillite devenue le symbole des ratés de la privatisation, n'existe plus. Une nouvelle entité, Network Rail, règne dorénavant sur ses 40 000 km de voies, ses 2 500 gares, ses ponts et ses tunnels. Officiellement, c'est une société de droit privé à but non lucratif détenue par les principaux opérateurs du rail. En pratique, elle vit largement aux frais du contribuable et elle est placée sous l'autorité de l'Etat, via un régulateur appelé Strategic Rail Authority (SRA). Les chemins de fer devaient couronner une vague de privatisations menées au pas de charge pendant dix-huit ans de suprématie du parti Tory.

Mastodonte. C'est un an avant de céder le pouvoir à Tony Blair que le Premier ministre John Major s'attaque à British Railways. Un mastodonte, délaissé pendant des décennies, que même Margaret Thatcher, grande pourfendeuse du secteur public, n'avait pas osé bousculer. Mais le réseau est trop gros, trop indi