Pour motiver les patrons, payons-les toujours plus ! C'était, voici peu, le mot d'ordre dans les entreprises américaines. Et les distributions de stock-options, cette possibilité donnée aux salariés d'acheter dans l'avenir des titres à un prix fixé à l'avance (et de les revendre dans la foulée en empochant la différence), allaient bon train.
Aujourd'hui, une crainte inverse prend le dessus : celle de voir les dirigeants faire passer leur intérêt propre leur enrichissement personnel avant celui, à long terme, de l'entreprise. Evoquant les distributions aussi généreuses que régulières de stock-options, un gestionnaire de fonds dans une firme d'investissement américaine résume ainsi le retournement d'opinion : «Ce qui a commencé comme un moyen de bonne gestion s'avère, dans de nombreux cas, un nouvel instrument permettant le siphonnage par les hauts cadres dirigeants des entreprises de la richesse appartenant aux actionnaires.»
L'AFL-CIO, principal syndicat américain, est en pointe dans le combat contre les attributions excessives de stock-options. «On peut se demander si une telle utilisation des biens de l'entreprise incite les dirigeants à construire sa performance à long terme», explique Brandon Rees, économiste au sein du syndicat. «Ou si elle ne les conduit pas plutôt à manipuler les comptes pour soutenir le cours de Bourse et donner ainsi plus de valeur à leurs stock-options. Les abus dans les rémunérations peuvent conduire à des problèmes plus larges dans les entrepri