Farnborough, envoyé spécial.
Cette année, pour être un homme heureux au salon aéronautique de Farnborough, près de Londres, il faut être militaire et américain. C'est bien simple, ils ont tous le sourire aux lèvres. On peut les comprendre car, depuis le 11 septembre, ils ne savent plus quoi faire de leur argent. En février, George W. Bush a décidé, pour financer sa lutte contre le terrorisme, une hausse de 15 % de ses dépenses militaires en 2003, la plus forte augmentation depuis vingt ans. En 2007, elles devraient atteindre la somme colossale de 451 milliards de dollars, contre 320 milliards l'année dernière. «Les groupes américains sont en ce moment inondé de commandes», confie, écoeuré, un cadre dirigeant d'EADS. La Bourse américaine ne s'y est pas trompée. En pleine catastrophe boursière, Lockheed Martin, qui a gagné, à la fin de l'année dernière, l'appel d'offres pour construire le JSF, le futur avion de combat des Etats-Unis, a vu son cours flamber de 30 % depuis le début de l'année.
«Après le 11 septembre, on a toute de suite ressenti que l'industrie américaine se repliait sur elle-même. Comme si elle ne voyait plus tellement l'intérêt de coopérer avec nous. Sauf pour écouler ses produits, bien sûr», juge un directeur de la branche défense d'EADS. Un seul exemple : en partenariat avec Lockheed Martin, EADS espérait vendre, l'année dernière, quelques avions ravitailleurs à l'armée américaine. Il s'est vite aperçu que la procédure d'appel d'offres était en réalité faite s