Bruxelles (UE)
de notre correspondant
Mario Monti l'assure : il n'a pas changé. En donnant, hier, son feu vert sans conditions au rachat du croisiériste britannique P & O Princess par son concurrent américain Carnival, respectivement numéro deux et numéro un mondial du secteur, le commissaire européen chargé de la concurrence n'aurait nullement mangé son chapeau. Pourtant, ce mammouth va contrôler plus d'un tiers du marché européen. On a connu la Commission plus soucieuse de la concurrence jusque dans un passé récent. La sévère claque que lui a infligée le Tribunal de première instance des Communautés européennes, le 6 juin dernier, en annulant, pour la première fois dans l'histoire communautaire, le veto posé à la fusion entre les deux premiers voyagistes britanniques, First Choice et Airtours (Libération du 7 juin), n'aurait-elle pas rendu le commissaire plus conciliant ? Venant après les violentes critiques portées contre son action par les gouvernements allemand et français, il n'est pas impossible que Monti ait décidé de se montrer plus conciliant.
L'affaire commence en novembre 2001, lorsque P & O Princess et l'américano-norvégien Royal Caribbean, les numéros deux et trois mondiaux de l'industrie de la croisière, annoncent leur projet de mariage. Soucieux de ne pas se faire détrôner de sa place de numéro un, Carnival contre-attaque en lançant en décembre une offre publique d'achat (OPA) hostile sur P & O (Libération du 18 décembre). Les actionnaires de ce dernier décident