Il n'y a même pas eu d'écriteau pour prévenir la clientèle. Le dernier Drugstore de Paris, en bas des Champs-Elysées (VIIIe arrondissement), a définitivement fermé ses portes samedi à 18 heures. Serveur au restaurant, Albert était arrivé une heure plus tôt pour prendre son service jusqu'à 1 heure du matin. «Ce n'est pas la peine d'enfiler ta veste, lui a dit son maître d'hôtel. C'est fini.» Quarante-trois ans de maison dont trente au Drugstore Saint-Germain, Albert a été viré à l'américaine. Un pied de nez à l'histoire des Drugstore dont le fondateur, Marcel Bleustein-Blanchet, avait puisé l'idée dans les rues de New York (lire ci-dessous). «A notre habitude, nous avons mangé vers 17 h 30 mais on s'est fait un petit gueuleton, avec ce qui restait dans les frigos.» Puis chacun est rentré chez soi. Le lendemain, Albert n'a pas travaillé. Lundi, après un comité d'entreprise d'une demi-heure, on a annoncé au personnel que l'établissement était en cessation de paiement. La liquidation judiciaire doit être prononcée prochainement, et les 43 employés licenciés. Le tout devrait être bouclé à la mi-août.
Brutalité. Il y avait bien des rumeurs de vente et de fermeture mais personne ne s'attendait à une telle brutalité. Depuis que le groupe Publicis avait vendu l'établissement en 1999 à la société d'investisseurs Sirène, dont le principal actionnaire serait, selon un ex-dirigeant, Hubert Hermès-Guérand, héritier du célèbre sellier, rien n'allait vraiment. Du Drugstore né en 1970 à l'ang