New York de notre correspondant
A 6 heures du matin mercredi, John Rigas et ses deux fils attendaient la police, qui les a emmenés menottés comme des brigands. A 18 heures, après un accord négocié avec les procureurs, le fondateur d'Adelphia, 77 ans, était libéré avec sa progéniture contre une caution de 10 millions de dollars, dont 2 millions versés en liquide le jour même. Non sans être accusés par les autorités boursières d'être responsables de l'«une des plus importantes malversations financières à Wall Street».
Dans la série des scandales qui n'en finissent plus de filer le mouron aux marchés d'outre-Atlantique, l'affaire Adelphia, le sixième câblo-opérateur américain, tient déjà une place de choix. Sous le coup tout à la fois d'une inculpation de la part du département de la Justice, d'une plainte de la Commission boursière mais également des nouveaux dirigeants de la compagnie, John Rigas est soupçonné d'avoir orchestré une fraude monumentale durant plusieurs années. Les procureurs estiment que le patriarche et ses deux fils ont détourné plus d'un milliard de dollars, utilisant les revenus du groupe à des fins personnelles, «comme s'il s'agissait de leur propre tirelire». L'argent de la firme servait à tout ou presque : le versement de salaires en liquide d'un million par mois, l'achat d'actions bien sûr, mais aussi la construction d'un terrain de golf estimé à 13 millions de dollars ou encore le paiement de luxueux voyages en Afrique pour tous les membres de la famille