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Libération
Enquête

Airbus en guerre ouverte

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Le PDG Noël Forgeard est persuadé d'être victime d'un complot de déstabilisation ourdi par des cadres d'EADS, la maison mère.
publié le 26 juillet 2002 à 0h30

Lundi 22 juillet à Farnborough, au salon aéronautique qui se tient cette semaine au sud de Londres. Juste devant le chalet Airbus, Noël Forgeard, le PDG du constructeur d'avions, discute avec un visiteur, assis à l'arrière d'une de ces petites voitures électriques dont raffolent les golfeurs, et qui servent ici à promener, d'un stand à l'autre, les grands patrons de l'industrie aéronautique. Il fait beau. Forgeard distribue sourires et clins d'oeil. Comme un prince. Un des directeurs généraux d'EADS, la maison mère d'Airbus, souriant lui aussi, s'avance alors vers la petite voiture à l'arrêt et tend sa main à Forgeard. Les deux hommes se connaissent par coeur. Sans être amis, ils s'apprécient. Mais, au lieu de le saluer, Forgeard lui tourne le dos brusquement. Interloqué, le directeur insiste. «Non, non, c'est pas la peine, surtout pas toi. Allez, passe ton chemin maintenant...», répond le patron d'Airbus. Persuadé d'être victime d'un complot de déstabilisation, instrumentalisé par sa maison mère, EADS, Forgeard a cette fois décidé de déclencher officiellement la guerre. Aux yeux de tous. Puisque pour lui, c'est maintenant une question de légitime défense.

Egoland. Depuis six mois, les vieilles rivalités d'ego et de pouvoir qui n'ont jamais cessé de déchirer la petite famille de l'aéronautique européenne semblaient s'éteindre doucement. Né en octobre 1999 de la fusion entre Matra-Aérospatiale et l'activité aéronautique de Daimler-Benz, le groupe EADS a été longtemps un terrib