Washington, de notre correspondant.
Rarement une loi contre la délinquance en col blanc aura été votée avec autant de célérité et de ferveur au Congrès. Les élus américains sont conscients que leurs électeurs qu'ils affrontent en novembre supportent très mal la chute de Wall Street déclenchée par les acrobaties comptables des dirigeants de grandes sociétés. Avec le zèle de pompiers partant à l'assaut d'un grand incendie, ils ont donc voté jeudi une loi renforçant à la fois contrôles et sanctions. Le texte a été adopté par une quasi-unanimité dans les deux Chambres, 423 voix contre 3 au Congrès et 99 contre zéro au Sénat. Trent Lott, qui dirige la minorité républicaine au Sénat, a parlé de «signal fort» qui, espère-t-il, «aidera à restaurer la confiance» en Wall Street. A l'exception de trois représentants républicains fidèles à leurs idées, les élus «pro-business» hostiles à la loi ont finalement renoncé à se marginaliser. L'influent sénateur Texan Phil Gramm, qui estimait que cette loi ferait «plus de mal qu'elle ne le devrait» à l'économie et qui avait annoncé mercredi qu'il voterait contre le texte, a prudemment changé d'avis dans la nuit...
Durcissement. Le texte adopté est considéré comme l'une des réformes du droit des sociétés les plus importantes depuis le krach de 1929. Elle fait de la fraude boursière un crime. Un dirigeant d'entreprise ou directeur financier qui certifierait des rapports financiers mensongers risque désormais vingt ans de prison et une amende de