Son brushing n'est plus qu'un souvenir, des gouttes de sueur perlent sur son front, et le papier sur lequel elle a inscrit les horaires des vols reportés ressemble à un torchon à force d'être plié, déplié, raturé, chiffonné. La dame blonde du comptoir Corsair fait ce qu'elle peut. Aux vacanciers qui déboulent la tête déjà pleine de palmiers ensoleillés, elle répond salle d'attente, navette gratuite, hôtel en périphérie. «Corsair vous paye la chambre, mais pour la nourriture il faudra vous dé brouil ler», murmure-t-elle, implorant «un peu de compréhension». Celle-ci n'est pas toujours au rendez-vous. «Vous, les Français, vous ne savez pas travailler», s'énerve un monsieur avec un accent étranger. «Et mon chat, qu'est-ce que je vais faire de mon chat !», hurle une jeune femme. Plusieurs véhicules de police sont postés à l'entrée de l'aérogare d'Orly Sud. «En cas de débordement», explique un jeune officier.
Cauchemar. Sur les treize vols Corsair prévus ce jeudi, cinq sont repoussés au lendemain, un est annulé, tous sont retardés ou transférés à l'aéroport de Roissy. La grève du personnel, démarrée mercredi soir pour protester contre un plan qui prévoit la suppression de 170 emplois (Libération d'hier), est suivie à 90 %. Xavier et Vincent, la trentaine, devaient partir à Rome en «week-end de trois jours». «Finalement, ce sera un week-end de deux jours, soupire Vincent, mais il faut comprendre ceux qui font grève.» Christelle et Hervé, sur le pont depuis l'aube, sont au bord de l