Ce devait être l'annonce d'un nouveau départ. Ce n'est en fait que la confirmation d'un état de guerre. Tous les salariés de Gemplus attendaient avec impatience la nomination de leur nouveau PDG, ce jeudi 15 août, comme s'était engagé à le faire le conseil d'administration de l'entreprise. Déjà, le nom de l'heureux élu aurait dû être révélé fin juillet. Le conseil s'était alors donné quinze jours de plus pour se mettre d'accord. Peine perdue. Le 15 août, un maigrichon communiqué explique piteusement que l'annonce est reportée à la fin du mois. Signe supplémentaire que la guerre au sein du conseil d'administration fait toujours des ravages. Sans tête (elle est dirigée par un patron intérimaire depuis le début de l'année), Gemplus, la flamboyante, n'est plus que l'ombre d'elle-même. A bout de force, après deux ans de crise intestine.
L'histoire peut commencer ce 6 décembre 2000, jour de l'introduction en Bourse de Gemplus. La start-up est alors à son apogée. En douze ans d'existence, elle est devenue la success story française des années 90. Leader mondial des cartes à puce, elle réalise 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Riche, technologique, Gemplus est maintenant un peu américaine. Le comble du chic. Obsédé par le mirage américain, Marc Lassus, le fondateur et principal actionnaire, a fini par céder, fin 1999, aux avances de Texas Pacific Group (TPG), un fonds d'investissement américain. Avec seulement 26 % du capital de l'entreprise, les Américains réussissent à ob