Washington
de notre correspondant
Lorsque les chewing-gums ou patchs antitabac ont commencé à être commercialisés, les cigarettiers n'ont pas hésité à faire pression sur les laboratoires pharmaceutiques. C'est ce que révèle une étude que vient de publier le Journal of the American Medical Association. Ses auteurs montrent par exemple comment Philip Morris (Marlboro), dans les années 1980, a menacé de cesser de s'approvisionner auprès des grands labos pour certains produits nécessaires à la fabrication de cigarettes. A l'époque, ces industriels avaient docilement accepté. Pour le docteur Lisa Bero, coauteur de l'étude, la principale leçon de cette affaire est l'immoralité des marchands de tabac : «Lorsqu'un produit est arrivé sur le marché, permettant aux gens de se défaire de leurs produits mortels, ils ont essayé de les empêcher de l'utiliser !», s'insurge-t-elle.
Mais ce que révèle surtout l'étude, c'est que les fabricants de cigarettes ont immédiatement traité les labos comme de vrais concurrents. L'avenir leur a donné raison. Et il semble de plus en plus évident que les deux camps se battent pour un seul et même marché : celui des accros à la nicotine.
Enorme marché. Plus ils s'affrontent, plus la frontière qui sépare leurs produits devient floue. L'administration américaine, à la fin des années 1990, a favorisé cette fusion du marché, en rapprochant les règles régissant les deux secteurs. A partir de 1996, les laboratoires ont reçu l'autorisation de vendre leurs produits sa