Menu
Libération

Les «piqueteros», sur les routes du marasme argentin

Article réservé aux abonnés
Au Forum social mondial, chômeurs et militants débattent des formes de lutte.
publié le 24 août 2002 à 0h44

Buenos Aires, correspondance.

Derrière les vitres des deux bus déglingués, défile le paysage de l'Argentine sinistrée : bidonvilles, usines désaffectées, avenues défoncées ou inondées. Bientôt, la route est coupée par des «piqueteros», une scène désormais traditionnelle dans le pays. Ces chômeurs, provenant des banlieues les plus défavorisées, ont leur rituel : pneus fumants sur la chaussée, foulard sur le nez, piquet symbolique en main. Dans les bus, des militants d'Attac, du Mouvement de résistance global de Barcelone, un collectif d'artistes ­ une majorité d'Argentins ­ sont venus à leur rencontre, à Almirante Brown, une localité proche de Buenos Aires ravagée par la crise. Depuis jeudi, ils participent au Forum social mondial, qui réunit dans la capitale argentine 400 ONG et 500 délégations étrangères. Ce rassemblement a débuté avec une manifestation de 10 000 personnes, en présence du prix Nobel de la paix de 1980, l'Argentin Adolfo Pérez Esquivel.

«Laboratoire». Les bus du Forum social s'arrêtent près d'un grand terrain vague bordé d'arbres. Au centre, quelque 300 personnes assises dans l'herbe sous le soleil, une table couverte de pain, de pâtisseries, de radis. A l'écart, deux marmites fumantes où mijotent un guiso (ragoût). «Beaucoup d'Argentins disent qu'on indispose plus les braves gens que le gouvernement, regrette Raul, l'un des piqueteros, père de deux enfants en bas âge. Mais sans travail, on ne peut pas faire grève. Alors on coupe les routes.»

Les militants ont