C'est une petite histoire. Tellement petite que celle qui l'a vécue dit que «c'est une goutte d'eau face à un typhon». La goutte d'eau ? La tentative avortée de Nancy Abeiderrahmane, une ingénieure anglo-mauritanienne, d'exporter son fromage de chamelle en Europe. Le typhon ? La «multitude d'administrations, dont le travail consiste à construire des réglementations de plus en plus tatillonnes, chacun dans son coin, sans se consulter entre eux», dit- elle. Une petite histoire, comme il en existe sans doute des milliers à travers le monde, mais «édifiante», selon un directeur adjoint de la Banque mondiale. Elle montre comment les produits subventionnés par les pays riches rendent «dérisoires toutes les tentatives de mettre sur pied des productions nationales dans les pays pauvres», estime Nancy Abeiderrahmane. Elle montre aussi que, derrière les promesses, notamment européennes, d'abolir toute barrière tarifaire pour faciliter l'exportation de produits des pays du Sud les plus défavorisés (telle l'initiative «Tout sauf les armes»), il existe d'autres obstacles, souvent plus insurmontables : les barrières non tarifaires.
Local contre UHT. L'histoire commence en 1989. Nancy Abeiderrahmane, à la tête d'une laiterie de Nouakchott, Tiviski, tente un pari local. «Que les Mauritaniens découvrent que, loin du lait UHT importé pour satisfaire la demande intérieure, ils peuvent produire et consommer du lait local.» Grâce à un prêt français de 140 000 euros, et une assistance technique de