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Libération
Interview

Pierre Kohler «Un bien commun confisqué par le privé»

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Pierre Kohler, ministre de l'Environnement du canton du Jura suisse:
publié le 29 août 2002 à 0h47

Pierre Kohler, 37 ans, est ministre de l'Environnement du canton du Jura suisse. En 2000, il a contraint les poids lourds de l'industrie chimique suisse (Novartis, Roche, Ciba..) à assainir les décharges industrielles du village de Bonfol, pour un coût d'environ 150 millions d'euros. Hier, lors d'une séance plénière consacrée à l'eau, le représentant suisse a dénoncé avec force l'immobilisme actuel. Entretien.

Vous parlez de «honte» de la communauté internationale sur son incapacité à aborder l'accès à l'eau. Pourquoi?

Parce qu'au fond, tout le monde sait qu'il ne sortira pas grand-chose d'ici. Or, l'eau est cruciale: sans eau, pas de vie, pas de développement durable.. Je suis outré de voir que ce sujet n'est pas au centre de nos préoccupations, nous les responsables politiques qui avons un pouvoir de changer le monde. Je suis outré d'être dans un sommet qui se contente de louvoyer, et se complaît dans la léthargie.

Comment faudrait-il aborder le problème?

Près de 200 conférences ont été consacrées à l'eau sans qu'il en sorte des plans d'actions concrets! Il faut que le sujet fasse l'objet d'un vrai débat politique mondial, comme pour le climat ou la biodiversité. Or, on reste incapables de confier la gestion de l'eau à une institution internationale. C'est toujours le même show. Il fait de nous les complices d'envolées lyriques. Peut-être que, finalement, les responsables politiques ou économiques ne s'intéressent qu'à l'aspect financier de l'eau...

On parle pourtant beaucoup de l'accès à l'eau comme d'un droit humain..

Mais comment concilier le droit humain avec les objectifs de réduire de moitié le nombre de 1,3 milliard de personnes qui n'ont pas accès à l'eau potable? Accepter cela, c'est ac