«Il va bientôt arriver», assure en habitué Bocum Abdulrahmane. «Il», c'est le noctambus D qui passe à 02 h 30 square Saint-Jacques, dans le Ier arrondissement de Paris, à 200 m du quartier des Halles. Le bus de nuit, il le prend cinq soirs par semaine depuis trois ans et demi qu'il travaille comme plongeur dans un restaurant à côté du jardin du Luxembourg (VIe arrondissement). «Je commence à 17 heures et je finis à 2 heures, il n'y a plus de métro. Comme le patron ne paie pas le taxi, ni la carte Orange d'ailleurs, la seule solution pour rentrer à Aubervilliers, c'est le noctambus. Je dois me dépêcher de prendre un premier bus qui m'amène ici, ensuite le D, puis je marche un peu et j'arrive à la maison à 3 h 30. Mais, s'il y a beaucoup de clients au restaurant ou que je manque un des bus, ça peut être 4 heures ou même 4 h 30», explique ce Guinéen de 35 ans arrivé en France en 1986. Chaque minute compte : sur les 18 lignes qui, de 1 heure à 5 h 30, relient le coeur de Paris à la banlieue, les bus passent toutes les heures du lundi au vendredi, toutes les demi-heures le samedi et le dimanche. Et le moindre retard entraîne un retour encore plus tardif. On est loin de «la meilleure façon d'avancer la nuit», vantée par la RATP.
Les noctambosseurs. En fait, la plupart des personnes qui, comme Bocum, attendent leur bus place Saint-Jacques, sont des travailleurs étrangers. Seuls ou par petits groupes de deux ou trois, des hommes d'âges variables s'approchent, se reconnaissent parfois