Si la loi ne l'interdisait pas formellement, certaines annonces pourraient être libellées ainsi : «ch. travailleur solide, endurant, silencieux, idéal pour immigré». Toutes les enquêtes le prouvent : les emplois occupés par les immigrés sont souvent parmi les plus éprouvants physiquement, les plus astreignants, les moins gratifiants. Une sorte de permanence : les étrangers des années 60 allaient renforcer l'armée industrielle dans les grandes usines. La «seconde génération» d'immigration, moins nombreuse, se retrouve, elle, parquée dans les «nouveaux métiers de services». Il ne s'agit pas, hélas, de postes technologiques ou à forte valeur ajoutée, mais, au contraire, d'emplois qui ont subi à leur tour la moulinette de l'organisation scientifique du travail. Pénibilité, astreinte, horaire en quasi continu ou décalé, rendement, et surtout absence de perspectives d'évolution sont le lot des «nouveaux OS», appellation effacée de l'univers industriel depuis vingt ans.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce sont donc des postes dont ne veulent pas, non pas les salariés de nationalité française, mais tous les résidents sur le territoire, pour peu qu'ils soient réellement intégrés. C'est dans cet interstice qu'on trouve l'explication à la permanence d'un flux d'immigration. C'est bien parce qu'il y a ces emplois à prendre que les immigrés se présentent aux portes de l'Hexagone. Ils entrent soit régulièrement, par l'intermédiaire, par exemple, du regroupement familial, soit