Tribunal des prud'hommes de Paris, audience des référés
Bakary trépigne face à ses juges, les deux conseillers prud'homaux représentant respectivement les employeurs et les salariés. Aujourd'hui, le conseiller employeur endosse le rôle de président, assumé chacun son tour. «J'ai travaillé tous les jours de 5 heures à 18 heures, du 5 au 22 juillet. ça fait 195 heures, et lui, là, il m'a compté que 101 heures.» «Lui», l'ex-employeur, gérant d'une société de livraison, se tient raide à la gauche de Bakary. Le président se racle la gorge. «Avez-vous un contrat de travail ?» «Le contrat, j'ai pas voulu le signer», répond Bakary, brandissant une feuille de papier. «C'est faux», crie son ancien patron en ouvrant sa mallette. «Voilà le vrai contrat qu'il a signé, l'autre il l'a trafiqué !» Le président sourit. «Bon, on est pas dans une série américaine ici, on sort pas des témoins ou des documents surprises de sa poche.» L'audience est renvoyée au 30 septembre, pour «communication réciproque des pièces».
Un homme d'une soixantaine d'années se lève. Tahar dirige une équipe de nettoyage industriel. Il travaille sur un chantier de la SNCF, mais, depuis un mois, n'a plus ni salaire ni patron. Il explique : son employeur initial, l'entreprise A, a cédé une partie de son activité à l'entreprise B, et a oublié de mentionner Tahar sur la liste des salariés à reprendre. Les avocats des deux entreprises sont présents. Apparemment, ni l'une ni l'autre ne semblent vouloir de Tahar. «Pourquoi vous