C'est un drôle d'immeuble kitsch sans équivalent à Paris, au coin du boulevard Magenta et du boulevard de la Chapelle, un joyau d'architecture à l'égyptienne, au fronton décoré de mosaïques. Construit en 1921, et inscrit à l'Inventaire des monuments historiques, le Louxor fut un cinéma Pathé jusque dans les années 70 avant d'être cédé au début des années 80 à la famille Ouaki, propriétaire de Tati, sur le trottoir d'en face. D'éphémères boîtes de nuit s'y ouvrent alors. Sans suite.
Virgin a manqué de s'y installer, il y a quelques années. Le groupe, alors britannique et piloté par son fondateur, Richard Branson, prend langue avec Fabien Ouaki. Faire du Louxor un Megastore est impossible, faute de place suffisante. En revanche, Virgin envisageait d'y installer une sorte de souk culturel (disques et livres), un bazar oriental où les producteurs et les musiciens auraient même pu venir vendre leur musique. «Mais les partenaires ont rompu et, depuis, le Louxor reste fermé, livré à l'abandon et aux tags», raconte un connaisseur.
La Mairie de Paris s'intéresse désormais au dossier. A peine élu, Delanoë a son idée : pour réaménager le quartier Magenta-Barbès, il envisage le rachat de l'immeuble par la municipalité. Pour y installer un «lieu de culture vivant» qui pourrait être dédié aux arts du bassin méditerranéen. Jusqu'à maintenant, la famille Ouaki n'a pas donné suite. Maurice Biriotti, agent immobilier de la rue Ordener, estime le Louxor «entre 5 et 6 millions d'euros» au bas mot