Menu
Libération

La Française de Mécanique accusée de ficher ses salariés

Article réservé aux abonnés
La justice enquête dans l'usine après la plainte de la CGT.
publié le 11 septembre 2002 à 0h56

Douvrin envoyée spéciale

C'est un morceau de papier qui n'aurait pas dû arriver jusque-là. Une main anonyme l'a déposé en novembre dernier dans la boîte aux lettres du local CGT de la Française de Mécanique, l'immense filiale de Renault-PSA qui emploie 6 000 salariés à Douvrin dans le Pas-de-Calais. Sur cette feuille, sortie du fichier informatique d'un cadre de l'usine, quarante-deux noms, ceux des ouvriers du département «affûtage». Dans les cases de ce tableau à double entrée, ils ont été classés en fonction de leur motivation, de + 4 à - 4, selon qu'ils étaient «engagés», «coopératifs», «intéressés», «minimalistes», «conciliants», «résistants», «opposants», ou carrément «irréconciliants». En bas à droite du tableau, les «minimalistes irréconciliants», tous des syndicalistes, de trois centrales différentes. Et en haut à gauche, un seul «engagé conciliant». Les cégétistes ont bondi d'autant qu'un précédent de «fichage» avait été dénoncé un an plus tôt à l'usine Renault du Mans.

Initiative personnelle. «Une erreur humaine», plaide la direction. N'empêche. Début janvier 2002, la CGT, majoritaire dans l'usine, porte plainte pour infraction à la loi Informatique et Libertés. «La Française de Mécanique n'est pas au-dessus de la loi», argumente Alain Labarre, secrétaire général de la CGT. Aucun autre syndicat ne le suit. Le 19 juin, Marie-Caroline de Boissac, juge d'instruction à Béthune, délivre une commission rogatoire, et une enquête est ouverte. Depuis lundi, l'usine de Douvri