Ses employés, il les considérait comme «les enfants de (sa) maîtresse». L'amante, c'était son entreprise. Claude Dehaie, fondateur, en 1972, de la société Sotapharm à La Ferté-Bernard (Sarthe), décédé le 15 janvier dernier à 78 ans, a couché l'ensemble de ses «enfants naturels» sur son testament, à côté de ses quatre enfants légitimes. Un exemple rare de paternalisme patronal post mortem.
Le 4 septembre dernier, ce sont quelque 300 000 euros que les 108 salariés, ainsi que quelques retraités, se sont partagés en fonction de leur ancienneté dans l'entreprise. En moyenne, 1 000 à 2000 euros par héritier, «net d'impôts». Pour certains, c'est beaucoup plus d'un salaire. Pour tous, dans l'usine qui produit des ampoules de verre à usage pharmaceutique, c'est une grande surprise. Mais finalement, «connaissant le personnage, c'était pas étonnant» explique Pascal, chef d'équipe, entré dans la boîte pour son premier boulot, il y a 26 ans, comme aide-régleur. Le patron était un généreux. «Quand je lui rapportais qu'un ouvrier avait eu une bonne idée pour l'utilisation d'une machine, il le convoquait immédiatement et lui faisait un chèque», explique Daniel, cet ancien d'une grande multinationale, directeur technique, dans la «famille» depuis 1989. Dans l'entreprise, les employés ont, en moyenne, treize ans d'ancienneté. Claude Dehaie savait s'attacher ses salariés : une montre et une prime offertes après dix ans, une médaille pour les vingt ans, et toujours un chèque. En plus des primes