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Libération

Vingt affaires en quatre heures

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publié le 16 septembre 2002 à 1h01

Conseil de prud'hommes de Paris,

audience des référés

On se croirait à l'école. «Qui est-ce qui bavarde derrière et qui a envie de sortir ?», gronde la présidente. La salle est pleine à craquer. Cinquante-cinq affaires sont inscrites au rôle, une vingtaine seront jugées en quatre heures, les autres radiées ou renvoyées pour des motifs divers. Au premier rang, un avocat s'est endormi, la tête sur la table en bois. Un homme d'une quarantaine d'années, chauve, costume noir et cravate à motif BD, s'avance. Michel M. est expert-comptable, expatrié en Chine depuis qu'il a été embauché en CDI par la société S., en janvier 2001. Il réclame le versement de salaires impayés. «Il n'a rien touché depuis mars !, plaide son avocate, alors qu'il habite Shanghai, la ville la plus chère du monde.» La partie adverse n'a pas la même version. «M. M. a profité de son expatriation pour lancer sa propre compagnie. Il est allé travailler ailleurs. Son contrat est donc caduc, il a été licencié pour faute grave.» La présidente plisse le front. «C'est compliqué pour du référé, ça. Très compliqué... Ça relève du juge du fond.» Michel M. proteste : «Excusez-moi madame la présidente, mais je suis bloqué en Chine, c'est un problème, c'est pour ça qu'on est en référé.» La présidente : «Tout le monde est bloqué, tout le monde a des problèmes ! Y a-t-il quelqu'un dans cette salle qui n'a pas de problèmes ?» Après délibéré, le conseil décidera qu'il n'y a pas lieu à un recours en référé.

«Hop, hop, dossier suiva