Après le limogeage de Jean-Marie Messier et de Michel Bon, les jours de Serge Tchuruk sont-ils maintenant comptés ? «C'est incroyable il est en train de faire mourir un fleuron de notre industrie et personne ne dit rien», estime un vieil ennemi du patron d'Alcatel. C'est à croire qu'il y a un paradoxe Tchuruk. Alcatel perd de l'argent depuis deux ans. Son cours de bourse a chuté de 85 % depuis le début de l'année. Des dizaines de milliers d'emplois vont être supprimés d'ici 2003. Pourtant l'homme n'est pas contesté. Ou si peu.
A priori, l'annonce de cet énième plan de restructuration aurait dû mettre le feu aux poudres. Car non seulement le patron d'Alcatel annonce une nouvelle charrette de 9 000 emplois (soit environ 23 000 d'ici 2003), mais en plus il se permet le luxe de court-circuiter les instances du personnel qui étaient pourtant convoquées pour lundi. La dégringolade de l'action depuis le début de la semaine (-40 %) a précipité les choses. «Pour calmer les marchés, on a dû avancer l'annonce de ce plan», reconnaît un cadre. La ficelle a très bien fonctionné : hier, l'action a grimpé de 7,7 %.
Mais au lieu d'entendre des syndicats hurler au délit d'entrave et brandir ces licenciements boursiers, la tonalité était plutôt aux circonstances atténuantes. «Tchuruk a été pris de vitesse par la dégringolade des cours. La situation est aujourd'hui trop grave pour qu'on en remette une couche», déclare un délégué de la CFDT. Même si les syndicats ont longtemps contesté sa stratégi