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Libération

La mafia et le porte-monnaie

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publié le 23 septembre 2002 à 1h06

Conseil de prud'hommes de Paris, section commerce

«Ni vous ni moi ne connaissons cet univers étrange...» L'avocat, un jeune homme long aux gestes saccadés, fait monter la pression. Derrière lui, ses clients, deux hommes dans la cinquantaine, carrures de garde-manger et têtes à pas chercher des noises. Foudil B. et Adilj Z. étaient portiers, «ou, comme on dit plus communément, rabatteurs» dans un cabaret à Pigalle. Le 30 janvier 2002, ils ont reçu une lettre de licenciement de leur employeur, la SARL P.M., dirigée par M. D., 80 ans, un des trois «patrons» de Pigalle. L'avocat lit la lettre à toute vitesse : «Vous avez eu une grave altercation suite à vos incivilités envers Mle R. Après des mois de figuration inactive, votre attitude confine au sabotage...» Foudil B. et Adilj Z. réclament des indemnités pour non- respect des procédures. Ils n'ont bénéficié ni d'un entretien préalable ni de préavis. «Et ce n'est pas tout, s'enflamme l'avocat, on a fait suivre mes clients par un détective privé. Ce sont des attitudes mafieuses. Parce qu'en face, on a la mafia ! Monsieur D. contrôle la moitié des cabarets du boulevard de Clichy, croyez-moi, il a les moyens. La seule façon de sanctionner la mafia, c'est le porte-monnaie !» Le président éclate de rire : «Oui, ou alors il y a des méthodes plus radicales...» M. D. n'est pas présent. Son avocate plaide l'ignorance. «Mon client est un homme âgé. Il a vu ses rabatteurs se bagarrer, il a été choqué. Son problème, c'est qu'il ne connaît ri