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Libération
Interview

La perversité des stock-options

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André Orléan, économiste, stigmatise cette forme de rémunération des PDG .
publié le 24 septembre 2002 à 1h06

Le rapport Bouton ne préconise que des changements mineurs dans les règles de distribution des stock-options, cette forme de rémunération indexée sur la valeur de l'action et sans risque. Pour André Orléan, économiste et directeur de recherche au CNRS, les stock-options sont pourtant le «symbole de la période d'individualisme» exacerbée des années 90, alors qu'aujourd'hui il faudrait surtout de la «confiance et de l'éthique». Interview.

Quelle est l'idée sous-jacente des stock-options ?

C'est celle de l'alignement de l'intérêt du management sur celui des actionnaires. Avec les stock-options, vous liez le revenu des patrons et des hauts dirigeants à la valeur de l'action. Cela correspond à un modèle assez particulier, celui des années 90, d'une entreprise pour laquelle la question première est la notion de «valeur pour l'actionnaire».

En quoi est-ce un problème ?

La thèse selon laquelle la valeur de l'action reflète la valeur de l'entreprise est fausse. Il y a des mouvements de mode en Bourse. Il faut donc une nécessaire autonomie du management par rapport au marché. On l'a vu avec la récente bulle financière : de grands dirigeants vont connaître un enrichissement considérable, et cela mène à des excès. Dans les cas extrêmes, cela conduit aux «pathologies» de marché que l'on a vues apparaître dans un certain nombre d'affaires récentes.

Vous pensez aux cas, comme celui d'Enron, où des dirigeants ont perdu tout intérêt pour leur société et n'ont pensé qu'à leurs actions ?

Oui. D'une