Aniane envoyée spéciale
Gérard Depardieu est tombé amoureux de ce vin-là. La nouvelle de son coup de foudre s'est propagée dans la région et, depuis, Aniane ne parle plus que des projets viticoles du comédien. Dans cette petite localité héraultaise de 2500 habitants, on montre aujourd'hui certainement plus d'entrain à accueillir l'acteur français que le Californien Mondavi il y a un an et demi. En refusant à ce pionnier de la Napa Valley le droit de planter un vignoble de 50 hectares pour y produire 300 000 bouteilles d'un vin d'exception, Aniane est même devenue, sans le vouloir, célébrissime sur la planète vin.
«Irréductibles.» Aux municipales de mars 2001, les Anianais, qui s'étaient déchirés sur le sujet, ont chassé de la mairie le socialiste Raoul Ruiz et élu le communiste Manuel Diaz. Le premier imaginait qu'au prix d'une centaine d'hectares défrichés, Mondavi allait faire d'Aniane le Saint-Emilion du Languedoc, où les amateurs de vins se presseraient. Le second promettait qu'on ne toucherait pas un chêne de l'Arboussas, même pour 60 millions de francs (9 millions d'euros) d'investissement.
De l'Australie à l'Afrique du Sud, Aniane est devenu le village au terroir magique, gardé par des «irréductibles» qui ont résisté au grand capital américain. Le massif de l'Arboussas, 600 hectares de terres communales, plantés de chênes, d'arbousiers et de micocouliers, fréquentés par les ramasseurs de champignons et d'asperges sauvages, les randonneurs, les sangliers et les chasseurs,