Il est là, volant en main, fluet dans le grand habitacle. Des grands yeux bleus. Il s'appelle Jordi. «Avec un i. Le y, c'est le chanteur.» Il paraît 15 ans. Mais ses gestes n'hésitent pas, ils vont avec succès chercher les boutons de réglage de la hauteur du siège. Il s'est dandiné avec autorité pour se mouler confortablement dans le cuir gris. Il y est bien, Jordi, dans la Porsche Cayenne turbo. 280 km/h au compteur et 100 000 euros à la carte bancaire. «Quand je monte dans une voiture, dit-il, je me mets à la place de mon oncle.»
Jordi est missionné par son oncle, pour «lui choisir sa nouvelle voiture». Ils devaient venir ensemble de Nantes, mais l'oncle est un homme occupé, «membre du Comité olympique, médecin». «C'est moi qui lui ai conseillé ses dernières voitures. Sa M3, sa Mégane cabriolet, sa BMW 730, et la dernière, une 911 (Porsche). La Cayenne, c'est pas mal. S'il veut une voiture pour tous les jours, c'est mieux que la 911. Elle a de la gueule. Ce qui lui plaira, c'est le côté exclusivité, c'est l'image.» Le tableau suivant pourrait être une publicité dans Vogue. Un Italien s'installe, portable à l'oreille. Sur ses genoux, son fils, 5-6 ans, blond, coupe au bol. Le père bloque son téléphone contre son épaule en inclinant la tête, libère une main et chatouille son fils qui glousse. A côté, le copain du père (il s'appelle Marco) bidouille le GPS et passe en revue les destinations proposées. Toutes les villes italiennes commençant par B défilent. Marco arrête le curs